Courte bio-filmographie

Jean Richard naît le lundi 18 avril 1921 à Bessines, près de Niort, en plein Marais poitevin. Son grand-père maternel était éleveur de baudets du Poitou. Le petit Jean est souvent emmené par sa mère et sa grand-mère pour voir les fêtes foraines, et surtout la ménagerie, et c’est là qu’il rencontre les fauves, pour lesquels il aura toujours une grande fascination. C’est aussi le début de sa passion pour le cirque, qui a l’a habité toute sa vie. Il fait ses études au lycée Fontanes de Niort, où il se distingue surtout par ses talents de caricaturiste.

A dix-sept ans, Jean perd son père, emporté par un cancer. Ayant échoué à son bac, il doit chercher du travail. Il décide de tenter sa chance en montant un numéro de caricaturiste dans un cabaret de Lyon. Il connaît quelque succès, mais la guerre arrive et Jean est engagé dans la cavalerie. En 1940, il est envoyé avec le STO en Bavière. Rentré à Paris, il épouse en premières noces Anne-Marie Lejard, avec laquelle il aura une fille, Elisabeth, dite Babette, née en 1946. Après avoir participé à plusieurs spectacles pour le théâtre aux Armées, il fonde en 1945 les Productions Richard, qui deviennent le concessionnaire exclusif de tous les spectacles de théâtre ou de variétés relevant des autorités françaises en Allemagne. Jean Richard s’occupe de proposer des pièces de théâtre jouées par des troupes françaises, dans la langue de Molière, devant le public allemand. Dans les années 50, Jean Richard fréquente le Tabarin, un cabaret de Pigalle, où se produit une “ravissante débutante, blonde” (J.R. dixit), Annick Tanguy, qui exécute un numéro de danse en forme de parodie de dressage. Jean Richard en tombe amoureux, et l’épouse en 1957. Ils auront un fils, prénommé Jean-Pierre, né en 1958.

En 1946, Jean Richard débute au cinéma, dans le film d’Alex Joffé, Six heures à perdre (où il joue le rôle d’un sergent de ville…), et il obtient son premier rôle important en 1949 dans Deux de l’escadrille de Maurice Labro. Jean Richard a tourné plus de quatre-vingts films, dont tous ne sont pas des chefs-d’oeuvre impérissables. Néanmoins, il a prouvé des talents d’acteur indéniables dans plusieurs très bons films. Dans le film de Sacha Guitry, Si Versailles m’était conté (1954), il joue le personnage de Tartuffe. En 1956, il tourne Courte tête, de Norbert Carbonneaux, et Elena et les hommes, de Jean Renoir. L’année suivante, c’est Nous autres à Champignol, de Jean Bastia, où il interprète le rôle de Claudius Binoche, dont le personnage va lui coller longtemps à la peau, et dont seul Maigret parviendra à le délivrer… “C’est la série télévisée des “Maigret” qui a décollé l’étiquette “Champignol”, et m’a permis de m’exprimer dans un style plus conforme à ma vraie nature.” (in Ma vie sans filet, livre de souvenirs de l’acteur). En 1961, il tourne La belle Américaine, de Robert Dhéry. En 1962, il joue dans La guerre des boutons, d’Yves Robert. En 1963, il est à l’affiche de Bébert et l’omnibus, d’Yves Robert, et en 1965, il joue dans La bonne occase, de Michel Drach. En 1966, il se glisse dans la peau de l’inspecteur Bérurier pour Sale temps pour les mouches, de Guy Lefranc, En 1969, il tourne dans La maison de campagne, de Jean Girault. En 1972, il tient un rôle de gangster, savoureux d’autodérision, dans Le Viager, de Pierre Tchernia. La même année, on le voit, aux côtés de Madeleine Robinson, dans la deuxième version filmée de la pièce Noix de Coco, tournée dans le cadre de l’émission Au Théâtre ce soir, dans laquelle on le retrouvera en 1973 pour Le médecin malgré lui. Sa dernière apparition au cinéma date de 1981, dans Signé Furax, de Marc Simenon, où il joue le rôle… du commissaire Maigret. Parallèlement au cinéma, Jean Richard se lance aussi dans le music-hall (l’Olympia, où il joue un sketch de dompteur de lion…), l’opérette (entre autres, au Châtelet, où il partage la vedette avec Guétary dans la version théâtrale de Certains l’aiment chaud).

En 1953, Jean Richard achète une propriété dans le village d’Ermenonville. Il y installe peu à peu des animaux exotiques et le zoo d’Ermenonville est officiellement inauguré en 1956. A deux kilomètres de là, il crée un parc de loisirs et d’animation baptisé la Mer de Sable, inauguré en 1963. En 1957, c’est la tournée du premier “Cirque Jean Richard”. En 1972, Jean Richard rachète le cirque Pinder, menacé de disparition, et c’est le début du “Cirque Pinder-Jean Richard”.

En 1973, pendant la tournée du cirque, des incendies d’origine criminelle éclatent dans les écuries. Le 10 mai, on procède à une reconstitution judiciaire à Bernay, dans l’Eure, où est installé le cirque. Jean Richard, qui se déplace incessamment entre Bernay et Paris où il joue au théâtre, est d’habitude conduit par son chauffeur, ce qui lui permet de relire ses rôles dans la voiture. Le 10 mai, exceptionnellement, le chauffeur n’est pas disponible, et comme Bernay n’est pas très loin de Paris, Jean Richard prend lui-même le volant pour assister à la reconstitution. Celle-ci, très pénible et dramatique, bouleverse Jean Richard, qui reprend le volant. A la sortie d’Evreux, sa voiture quitte brusquement la route et percute de plein fouet le mur d’enceinte d’un château. Jean est éjecté de sa voiture et son corps plonge dans un fossé qui borde le mur. Il est emmené au service de réanimation de Lariboisière, où il restera trois semaines dans le coma. Des milliers de lettres et de témoignages affectueux lui sont adressés. Pour Jean Richard, c’est le début d’une longue convalescence, aidée par la reprise du tournage des Maigret.

En 1980, il obtient le Prix national du cirque. En 1995, il est fait officier de la Légion d’honneur. En 1999, il perd son épouse, Annick, qui décède des suites d’un cancer. Le 12 décembre 2001, Jean Richard la rejoint, s’en allant vivre pour toujours dans le “cirque du ciel”…